«Retrouvailles des Sahraouis»: Faire entendre la voix de la Paix

5O ans que dure le conflit du Sahara. Une impasse qui affecte toute la région. Malgré les échecs des précédentes tentatives, le MSP (Mouvement des Sahraouis pour la Paix) croit encore aux chances de l’avènement d’une “Paix” juste et durable. Mais pour l’obtenir, il lui faudra convaincre les faucons du Polisario de privilégier le dialogue, sans exclusive et qu’ils ne sont plus les seuls à revendiquer la représentativité des populations sahraouies…

C’est la fleur au bout du fusil que d’anciens combattants, des intellectuels, des politiques et la Chefferie traditionnelle sahraouis se sont retrouvés jeudi et vendredi à Las Palmas pour répondre massivement à l’appel lancé par le MSP, mouvement crée en avril 2020 par des dirigeants dissidents de l’organisation du Polisario. Le premier noyau du MSP est depuis dirigé par El Hadj Barikalla, ancien diplomate sahraoui, qui fait office de son premier secrétaire et qui avait rompu avec le Polisario pour mener une autre révolution celle du changement des mentalités, de la promotion de la culture de la paix et de la démocratie pour que vivent ses compatriotes dans la dignité et la sécurité. Pour ce faire, le MSP n’a pas hésité à inviter les dirigeants du Polisario à venir écouter et échanger avec les leurs à l’occasion de leurs retrouvailles ; dans une ambiance sereine et démocratique où chacun pouvait s’exprimer sans peur, ni crainte d’être lynché ou stigmatisé.
Une invitation qui n’a pas eu d’échos auprès du Polisario dont le MSP conteste aujourd’hui la légitimité comme représentant exclusif des sahraouis alors que leur majorité vit dans les provinces sahariennes. Mais pour El Hadj Barikallah, l’obsession semble être de mettre fin au calvaire des sahraouis. Il en donne en tout cas le ton, les 22 et 23 septembre 2022 à Las Palmas, à l’occasion de la première conférence internationale pour la Paix et la Sécurité que son mouvement organisait.
El Hadj Barrikallah n’est pourtant pas dupe et sait qu’il lui faut redoubler d’efforts pour que le MSP convainque les autres parties à converger et à accepter d’écouter son interlocuteur pour dépasser la situation de ni guerre, ni paix qui perdure au grand détriment de populations sahraouies. Selon lui qu’on le veuille ou pas le terrain -quoique miné par les divergences- n’est pas vide. Une proposition est sur la table pour servir de point de départ d’un dialogue constructif pour la Paix. Il en appelle au réalisme des dirigeants du Polisario pour mettre fin au calvaire des populations. Or, cette solution qui se confond avec la proposition du Maroc d’une autonomie élargie semble faire son chemin. C’est aussi le sentiment officiel à Madrid et dans les grandes capitales du Monde.
Le soutien sans ambages du gouvernement espagnol à la solution politique négociée pour sortir de l’impasse du conflit au Sahara Occidental est réitéré par les personnalités politiques espagnoles présentes à ces retrouvailles sahraouis. Une identité de vue avec le MSP qui donne de l’eau à son moulin pour faire valoir une Paix durable.
De José Bono, ancien président du Parlement espagnol et ex-ministre de la défense, à José Luis Zapatero, premier ministre entre 2004 et 2011, en passant Juan Fernandez Aguilar ou encore le forum canarien qui abritait la rencontre, tous saluent le courage du Mouvement Sahraoui pour la Paix et son initiative pour tourner la page à 50 ans de désolation et d’incompréhension. Tous insistent aussi sur la solution de l’autonomie élargie comme base de dialogue “crédible et sérieux” entre tous les représentants des sahraouis.
Avec des dizaines de ces compatriotes venus des quatre coins du monde, le discours du MSP suscite de plus en plus d’intérêt politique en raison de son agenda pour rassembler les sahraouis autour des idéaux de paix et de valeurs de démocratie. Un message de soutien à ce combat pour la Paix est aussi venu de Ahmed Vall Barka, président du réseau “Unité pour le Développement humain, activiste des droits de l’Homme mauritanien, aux panelistes présents.
«Les temps ont changé et j’invite les dirigeants du Polisario à se saisir de cette opportunité afin que l’on corrige les erreurs du passé» a lancé confiant de la justesse de sa cause, le président El Hadj Barikallah. Une invitation restée ouverte avec la fin de cette première rencontre réussie d’une main de maître et qui ouvre, grandes les portes et les couloirs des institutions internationales concernées par la Paix et la quiétude internationales. Le nom de Stefan De Mitsura, envoyé spécial du SG des Nations-Unies a souvent été cité pour prendre la mesure du renouveau qui pourrait sortir la question du Sahara Occidental d’une léthargie de plus de 30 d’un processus coûteux qui n’aboutit pas pour beaucoup de raisons dont notamment l’absence de dialogue et de confiance entre les protagonistes.
Les sahraouis, à visages découverts, semblent adopter le MSP comme un interlocuteur valable et fondent encore beaucoup d’espoirs sur cette –désormais- troisième voie pour vivre la Paix. Ils ont, à cet effet, demandé que la communauté internationale à considérer le “MSP” pour représenter les populations autochtones dans toute recherche de solution consensuelle ou négociée.

De notre envoyé spécial à Las Palmas
Jedna DEIDA

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