Agriculture : En finir avec la mauvaise gouvernance et les promesses sans lendemain
Le ministre de l’Agriculture, Yahya Ould Ahmed El Waghf, a inauguré sa prise de fonction par une visite de terrain dans la région du Gorgol. Une visite au cours de laquelle il a révélé l’organisation de concertation avec le secteur privé dans le but de « développer le secteur agricole et réaliser l’autosuffisance alimentaire ». Espérons que ces prochaines concertations apporteront des réponses aux nombreuses questions des agriculteurs et qu’elles ne finiront pas en queue de poisson.
Le ministère de l’agriculture ne veut rien laisser au hasard et prétend tenir à l’œil la campagne agricole aussi bien pour le pluvial que l’irrigué. C’est en tout cas ce que soutient le nouveau ministre de l’agriculture, Yahya Ould Ahmed El Waghf, qui dit, dimanche dans une réunion avec les acteurs, être venu au Gorgol «pour régler les problèmes » en suspens et ainsi permettre de tirer la meilleure moisson des précipitations enregistrées cette année.
Pour ce faire, le ministre a promis d’aplanir les obstacles liés « à l’assurance agricole, à la formation et au financement » dans l’une des régions les plus productives…Des promesses qu’il sera dangereux de ne pas satisfaire.
Ceci est d’autant plus vrai que le président du conseil régional a rappelé que le Gorgol qui était le grenier du pays a perdu cette vocation «du fait de l’accumulation des problèmes, du recul des superficies agricoles aménagées et de la faiblesse du rendement de ces superficies». Il en veut pour preuve la dislocation ces dernières années d’institutions gouvernementales qui étaient d’un grand apport pour la région comme la SONADER, l’Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricoles, le Centre National de Recherches et de Développement Agricole. Mais il y a aussi des projets gigantesques qui ont été sabordés par les responsables mauritaniens. Ce fut le cas avec le programme de développement intégré de l’agriculture irriguée en Mauritanie (PDIAIM), financé par la BAD et la BID a été lancé par la Banque Mondiale (2000-2015), dans l’objectif d’augmenter les revenus et l’emploi à travers la promotion de l’agriculture irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal. Il en reste peut-être les dettes accumulées.
Malgré l’état des lieux, le ministre a tout de même fait savoir, dans ce cadre, que « la non exploitation des deux périmètres pilotes du Gorgol dans les campagnes agricoles était inacceptable ». La vallée du Gorgol, avec un bassin versant de 21 000 km², est une des régions les plus agricoles du pays. Elle est arrosée par les deux deux principaux affluents du Gorgol (185 km) : le Gorgol Noir et le Gorgol Blanc.
Les raisons du déclin de la productivité (irrigué) sont aussi liés au prix bas des produits qui grugent les revenus des producteurs. “La « faible productivité » et les « prix bas » quant à eux pèsent sur les revenus des agriculteurs qui continuent à produire à grand peine ; combinés à la réduction des surfaces cultivées ces deux facteurs conduisent au déclin de l’agriculture irriguée du périmètre. Tout cela est collatéralement influencé par les risques d’inondations difficilement contrôlables”.
Le ministre a en tout cas rappelé l’intérêt porté par le président de la République à la région et populations du Gorgol ainsi qu’au succès de la campagne agricole dans l’objectif d’une autosuffisance alimentaire du pays.