Washington : Pourquoi la délégation mauritanienne était-elle si frileuse?
Pourquoi le régime du président Ghazouani peut-il si facilement se faire perturber par quelques blogueurs ? A Washington, en tout cas, la délégation officielle n’inspirait aucune sérénité.
Quatre à cinq blogueurs armés de deux mégaphones et d’un environnement de libertés absolues. C’est toute l’armada déployée pour rendre la vie difficile à la délégation mauritanienne lors du sommet Us-Africa. La visite qui devait apporter de l’eau au moulin du camp présidentiel se grippe. C’est presque un revers qui est enregistré aux yeux de l’opinion. Le gouvernement s’enfonce, chaque jour, un peu plus, dans l’improvisation irrrationnelle.
Comment pouvait-il perdre la face face à cinq jeunes opposants dont les messages étaient souvent inaudibles ?
A vrai dire, rien qu’à voir les vidéos du ministre des affaires étrangères, Mohamed Salem Merzough, fuyant Sidi Ould Kmach, ou encore le directeur de cabinet du président, qui tente de faire diversion, pour comprendre que la communication, improvisée après coup, ne change rien à la réalité.
Aucune communication professionnelle ne sous-tend l’action du président. Il faut donc constamment rester sur le qui-vive et recevoir des coups bas désarçonnant même des plus petits cercles d’activistes en herbe.
Seule certitude, les activistes, malgré leur nombre réduit, s’étaient bien préparés à cet “accueil” un peu particulier pour la délégation officielle mauritanienne. Les activistes avaient et le timing et le lieu des déplacements des représentants officiels de l’Etat. Ils étaient informés des moindres gestes de la délégation mauritanienne.
Un grand paradoxe: l’une des délégations les bien vues par l’hôte américain est celle qui lui charrie le plus de situations désobligeantes. La police américaine semblait, en effet, avoir du pain sur la planche avec la délégation officielle mauritanienne traquée par quelques individus prêts à en perturber la visite.
Dans cette atmosphère incongrue, tout le monde est pris de court et reste hébété face à la témérité de jeunes mauritaniens tous fichés comme des opposants aux régimes successifs en Mauritanie. Il ne fallait pas plus que quelques rares activistes pour déstabiliser la délégation mauritanienne à Washington.
L’opposition remporte une première manche contre le régime qui inconsciemment l’aide en marquant lui-même contre son camp. En effet, la réaction du régime improvisant « un accueil populaire » au président, à son retour à Nouakchott, conforte les blogueurs et les autres opposants dans leurs certitudes que le régime du président Ghazouani est plus malléable qu’il n’y parait.
JD