MOB contre BMH : Au début était Mattel !
Depuis longtemps en sourdine, la guerre entre les cousins ennemis resurgit brutalement. Une affaire alimentée par les intérêts divergents et inassouvis au sein de la Mattel. La crise est loin de son épilogue.
L’éruption de cette crise et son déclic a été ce jeudi 13 octobre 2022 lorsque l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamattou (MOB), actionnaire de Mattel à 24.5% porte plainte devant la police contre Béchir Moulaye Hassen (BMH), associé mauritanien à parts égales pour avoir procédé à «plusieurs prestations de Consulting fournies à sa société et facturées 300.000 euros à Mattel dans le cadre de plusieurs projets entre 2012 et 2016 ». En apparences, la vente de Mattel, premier opérateur de téléphonie cellulaire en Mauritanien et dont l’Etat tunisien est détenteur de 51%, aurait toujours achoppé sur les divergences entre mauritaniens, retardant, chaque jour, un peu plus, l’opération de cession.
Mattel, l’arbre qui cache la forêt
Entendu par les enquêteurs de la police, BMH est libéré. Mais il était inéluctable que cette affaire devait être portée devant les juridictions judiciaires nationales. Une alternative qui va prendre une autre dimension le 28 février 2023 avec cette fois la révélation par Me Lô Gourmo, lors d’un point de presse improvisé, d’une mise en demeure de payer des dettes au nom de la GBM adressée à Béchir Moulaye Hassene (1 Milliard MRO) et à Mokhtar Moulaye Hassene (460 Millions MRO) et à COMATEL (500 millions), société familiale, actionnaire de Mattel. Selon les avocats de GBM dont aussi Me El Yezid et Me Ebeety, ces clients identifiés refuseraient d’honorer leurs dettes. Selon Gourmo «la GBM leur a accordé toutes les facilités et donné tout le temps, pour les mettre à l’aise et leur permettre de poursuivre leurs affaires et de s’offrir les meilleures conditions de rembourser ». Mais Me Lô Gourmo les accuse de mauvaise foi manifeste et « d’indélicats » arguant que la situation de non paiements de créances de la banque la fragiliserait dans un contexte économique difficile.
Réponse du berger à la bergère !
Un collectif d’avocats de BMH a diffusé le 1er mars 2023 un communiqué dans lequel il répond aux accusations portées contre lui par la GBM. Les avocats de BMH se disent circonspects de «ce procès avant l’heure» rappelant qu’aucun tribunal ne s’était encore saisi de cette affaire qu’il présente comme « un litige sur une créance contestée». Les avocats de BMH accusent la GBM et Bsa de « violation flagrante du secret de la profession bancaire». Pour eux, les déclarations des avocats de l’autre partie visaient à « ternir l’image de nos clients », et ressembleraient à « une fuite en avant irréfléchie qu’à une volonté de transparence économique ». Les avocats de BMH mettent en garde les autres clients contre la divulgation « de manière fallacieuse leurs transactions avec la banque ». Les avocats de BMH enfoncent encore le clou et attaquent frontalement. «…la GBM, c’est de notoriété publique, est d’abord et avant tout réputée pour son opacité et ses taux abusifs ». Les avocats de BMH rappellent, cependant, «nos clients n’ont aucune intention de se soustraire au paiement de leurs engagements, cela va de soi ; mais ils s’en acquitteront après une expertise indépendante et légitime de la dette en question » assurent-ils.
Ce débat à destination de l’opinion via les médias connait aussi quelques piques politiques qui ne sont pas de nature à apaiser la tension entre les deux parties. Une affaire qui, sans doute, trouve ses origines dans les contradictions entre les partenaires autour de l’affaire de la Mattel.
JD