Politique-Elections 2023: Va-t-on vers un paysage définitivement éclaté?!
Le paysage politique est entrain de se recomposer. Accidentellement. Les élections générales, marquée par une forte fronde contre le parti au pouvoir, s’avèrent donc cruciales et déterminantes pour le jeu politique la veille d’une élection présidentielle qui ne devrait pas, sauf surprise, déroger au statu quo ante. A en jauger par les premières manifestations pré-électorales, l’émiettement est total.
Le compte à rebours est déjà lancé pour ce qui est des futures consultations régionales, législatives et municipales. Les candidatures pour élire 176 députés ne sont pas encore effectives. Mais au regard des listes déjà déposées pour les municipales et les régionales, le microcosme politique semble bien éclaté avec 25 partis en lice pour 145 listes candidates aux élections régionales et 1324 listes pour les municipales. Ces dernières expriment bien la cacophonie politique qui a suivi l’annonce des couleurs par le parti au pouvoir «El Insaf».
Comme à toute élection, le parti au pouvoir a essuyé un véritablement mécontentement avec l’annonce de ses choix pour briguer le suffrage des électeurs. Mais jamais mécontentement n’a atteint ce paroxysme et n’a été aussi répandu. Aucune région n’est épargnée. Mais est-ce suffisant pour « enterrer » l’ours ? Il va certainement falloir beaucoup plus pour désarçonner le mammouth. «El Insaf » veut encore croire que ces annonces «d’indisciplines» n’affectent en rien sa base et son aura parmi les populations. Mais c’est assurément pris au sérieux pour éviter, sinon, un affaiblissement, au pire, une déroute du parti au pouvoir qui vient de rappeler à ses partenaires politiques de la Majorité de ne pas lui poser des bâtons dans les roues pour les élections régionales. Une invite qu’une partie de l’opposition n’a pas vue d’un bon œil. La sollicitation est somme toute normale dans un camp politique qui vit des concessions scellées. Le seul hic est que «El Insaf » s’y est peut-être pris un peu trop tard perturbant le planning de ses partenaires. La rencontre du ministre de l’intérieur avec les représentants des partis politiques en course a atténué la suspicion, même avec l’opposition.
La Majorité et l’Opposition sauront-elles tirer profit de l’ire contre «El Insaf» ?
Au regard du Ravel décliné par la Commission électorale nationale indépendante, les électeurs inscrits sur les listes électorales font 1.758.784 personnes sur toute l’étendue du territoire national. Les élections locales sont souvent l’expression des desideratas de développement et de l’exaspération des clivages tribaux ou féodaux. Ces élections ne vont pas déroger à la règle avec en toile de fonds la recherche par certains ténors de la politique locale à marquer leurs terrains. Les élections municipales et régionales sont sensiblement identiques au moins sur l’implosion de la force politique et sur le retour marqué sur scène.
Prenons pour indicateur, les listes des municipales. Sur ce registre des listes déposées pour les municipales, le Hodh Charghi avec 196 listes municipales pour les 31 communes et 197.179 personnes inscrites lors du dernier Ravel rivalise avec Nouakchott dont le réservoir démographique est de 376.009 personnes inscrites pour les 3 wilayas. C’est bien la preuve de l’ire des ensembles tribaux dans cette région. Il faut reconnaitre que les choix de «El Insaf » n’ont pas toujours été politiquement judicieux dans cette région, fief du « makhzen». Et c’est encore proportionnellement pire à Nouadhibou où avec seulement 64 885 inscrits au Ravel 2023, elles sont 45 listes à croiser le fer dans les 6 mairies de la région. Idem dans le centre du pays en Assaba où avec 164.480 inscrits, elles sont 112 listes en course pour les élections municipales dans 24 communes. La même réalité se retrouve également vers le Sud du pays dans le Gorgol qui, avec 29 communes, 135.400 personnes inscrites sur la liste électorale, concentre 179 listes candidates pour cette élection locale contre 166 listes candidates pour le Trarza qui, avec 230.564 personnes enregistrées, enregistrement le plus grand nombre d’inscrits sur toute l’étendue du territoire national.
On le constate de visu. C’est sans doute un émiettement jamais enregistré dans le pays pour une élection. Il devrait normalement bénéficier, si l’ire s’exprime en fronde dans les urnes, soit à la Majorité – et c’est le plus plausible- car les «brebis» ne s’éloignent pas trop du troupeau ; soit à l’opposition traditionnelle, cliniquement morte, et ce qui exprimerait une sanction délibérée contre le parti au pouvoir et fera renaitre cette force de ses cendres. Sinon, la descente en enfer sera encore plus dure pour la vieille garde de l’Opposition au risque de voir les jeunes loups franchir un palier dans plus de représentativité. On assistera, sans doute, à une carte politique redessinée et sérieusement marquée par les prochaines joutes politiques.
JD
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