Economie : Avis de tempête ou fausse alerte?
Tout a été dit –ou presque- sur les défis économiques actuels pour des pays à faibles revenus comme le nôtre. Le constat est qu’il y a inéluctablement, à travers le monde, un ralentissement de croissance qui laissera la porte ouverte -pour les pays qui le peuvent encore- à un plus d’endettement. Malgré la prestation des représentants du gouvernement aux réunions du printemps du Fmi et de la BM, les mêmes défis continuent de se poser avec acuité pour notre gouvernement.
Ce n’était pas donc une surprise que les principaux ministères impliqués dans la gouvernance économique et financière du pays étaient là. L’on est donc loin d’être sortis de l’auberge pour la recherche d’un équilibre économique déjà précaire et où la BCM ne semble pas avoir d’autre alternative que de tenir des deux mains le gouvernail en cherchant à garder le cap pour éviter les écueils et manœuvrer prudemment pour traverser, avec le moindre mal, la tempête financière internationale actuelle. L’économie sera-t-elle encore résiliente ?
L’image peu élogieuse d’un rapport de l’OCDE sur la «fragilité » de notre pays et sur ses (in)capacités à juguler sinon atténuer les effets pervers de sa récession témoigne aussi que les autorités ne pourront pas valablement relever la tête du gouffre de l’endettement car la marge de manœuvre reste limite (environ 55 % du PIB aujourd’hui). Ce ne sera donc pas la première fois que notre pays sera acculé, non seulement, en raison d’une gestion pas toujours efficace, mais aussi pour, comme beaucoup d’autres pays du Continent, parce qu’il doit tirer les marrons du feu d’une crise internationale entre l’Occident et la Russie à propos de l’Ukraine qui a impacté toute la planète.
Le MAEPSP s’ingénie à créer les projets et trouver les meilleures recettes pour venir au secours d’une économie plantée par une superinflation qui rend la vie des citoyens intenable. C’est, en effet, le secteur productif qui stimule la création et l’intérêt de l’investissement rentable. Il faut saluer, à ce niveau, le déclic donné par l’APIM à l’investissement créateur d’emplois. Le ministère des Finances contribue aussi à la mobilisation des ressources ainsi qu’à la bonne tenue budgétaire. Mais le challenge de sortir indemne de la crise multidimensionnelle met en évidence le rôle de régulateur et de métronome de la Banque centrale malgré une inflation galopante à deux chiffres ; soit 10% du PIB en janvier 2023 après avoir touché le seuil de 12% synonyme d’une banqueroute économique. La Banque centrale est donc attendue sur ses actions pour une stabilité économique via une judicieuse politique fiscale et monétaire notamment en évitant une dépréciation préjudiciable au taux de change de la monnaie nationale. Nous le constatons aussi depuis juillet 2022, le conseil de politique monétaire de la BCM maintient, contre vents et marées, le taux directeur inchangé pour apprécier, au jour le jour, les caveaux des banques commerciales dont certaines ne sont pas toujours en odeur de sainteté avec les limiers de la compense.
Néanmoins, la cause est entendue pour les autorités mauritaniennes et leurs partenaires, depuis les dernières réunions avec les institutions de Bretton Woods, lorsque l’accent a été mis sur l’intérêt pour notre pays de mobiliser des ressources internes en créant un environnement favorable à la production et au secteur privé afin de booster un développement rapide et durable.
JD