Nouveau gouvernement : Entre rescapés, permutants et les entrants
Quoique parcimonieux, touchant une dizaine de départements ministériels, sur une trentaine, le changement opéré dans le dernier gouvernement, la veille de l’organisation en 2024 de l’élection présidentielle, soulève des interrogations quant aux choix mais aussi aux limogeages de certains responsables.
Tous ces changements répondent évidemment à la quête d’un équilibre sociétal qui n’est pas toujours aisé. Depuis la formation dernier gouvernement en avril 2022, suivie d’un remaniement partiel, en septembre, et la seconde reconduction du premier Ministre, Mohamed Ould Billal, c’était le statu quo en attendant les élections générales du 13 mai 2023 dont on espérait qu’elles serviraient de déclic pour une reconsidération de la représentation régionale fortement déséquilibrée. Le dernier gouvernement en était la parfaite illustration avec la présence hégémonique de certaines régions aux dépens de la majorité. Néanmoins, la dernière configuration tente, même si c’est encore de manière timide, de corriger ces disparités dans la représentation politique régionale au travers de la mise en place d’un nouveau gouvernement. Même si le renouveau n’est pas total, le gouvernement actuel semble être inspiré des résultats des dernières élections générales. La présentation puis l’élection de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Mohamed Ould Meguett, issu de la région du Brakna, a probablement pesé de son ombre sur le choix des hommes dans cette représentation régionale.
La formation du gouvernement a encore consacré, au moins, huit permutations dont certaines pourraient ébranler la cohésion de l’action du gouvernement sous l’ancienne formule. Mais l’on voit clairement que le président de la République et le premier Ministre, ont voulu introduire une dose de technocrates notamment pour des départements à haute qualification professionnelle. C’est même là faire d’une pierre deux avec en plus de formations solides, un rajeunissement de la classe gouvernementale.
Pour l’heure, en tout cas, le président semble, avec la reconduction de Mohamed Ould Billal, avoir dessiné une lettre de mission insistant sur trois axes prioritaires à son sens à savoir : « préserver et consolider les acquis ; accélérer l’achèvement des programmes et des politiques publiques en cours et enfin accorder la plus grande importance aux secteurs des services et productifs et aux programmes sociaux qui ont un impact direct sur la vie des citoyens en accélérant les réformes nécessaires pour accroître l’efficacité de ces secteurs, améliorer la qualité des différents services et assurer un accès universel à ceux-ci ».
Les dinosaures intouchables
Dix ministres au moins ont gardé leurs postes lors du renouvellement de ce gouvernement. Ils semblent, au regard des changements opérés jusqu’ici dans les équipes du premier ministre, des femmes et des hommes « intouchables ». Certains justifient d’une proximité réelle avec le président de la République. Le président serait personnellement satisfait de leur apport à l’action d’ensemble du gouvernement. C’est pour cette raison qu’ils n’auraient pas quitté les commandes de leurs départements respectifs. D’autres, sans perdre la confiance du président, ont quand même changé de départements. Ils recommencent donc à zéro pour marquer de leurs empreintes les nouveaux départements à leurs charges. Mais beaucoup perdent au change. Ils sont huit ministres à devoir recommencer à s’installer avant de prendre la mesure des défis qui les attendent.
C’est par contre, le départ qui ressemble fort à une éviction de certains ministres à l’issue de la formation de ce gouvernement qui laisse perplexe. Ils sont au total 9 ministres à rendre leurs tabliers. Ils étaient connus et même suspectés d’être dans la loge des « ministres intouchables ». L’opinion pensait même que le président était leur mentor. Si l’on peut expliquer le départ de certains d’entre eux du fait de la surreprésentation régionale, le limogeage de certains reste inexpliqué. Seul Mohamed Ould Abdallahi Ould Ethmane, ex-ministre de l’élevage, en est sursitaire puisqu’il a été nommé ministre conseiller à la Présidence de la République.
Les entrants, eux, ne sont pourtant pas fichés politiquement. On pourrait en déduire qu’ils sont choisis pour leurs compétences intrinsèques. Certains sont même des « cracks » dans leurs domaines. D’autres justifient d’une longue expérience dans les départements où ils ont élu fonction. Tout nouveau, tout beau. Mais attention, le répit sera de courte durée. Dans ce lot on pourrait ajouter Ahmed Sid’Ahmed Dié dont l’étoile brille de plus belle dans cette ascension au sein du gouvernement. Il est choisi, ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement. Idem pour Hamoud Ould M’Hamed qui de Maaden gravit –à nouveau les échelons du gouvernement par la première étape qu’est la délégation générale de Taazouz. Un poste clé et d’une importance capitale des programmes sociaux du président de la République. Il y a enfin le retour de Mokctar Ould Diay, nommé ministre chargé de cabinet du Président de la République. Une nouvelle appellation « sur mesure » ? Le retour de Mokhtar Ould Diye qu’on sait en friction politique avec le président de l’Assemblée nationale est-il préparé pour un poste de « super ministre »? Wait and see.
Les Hommes du président !
Ministre de la Justice, Mohamed Mahmoud Ould Cheikh Abdoullah Ben Boya,
Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Mohamed Salem Merzoug,
Ministre de la Défense nationale, Hananna Ould Sidi,
Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine,
Ministre des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel, Dah Ould Sidi Ould Amar Taleb,
Ministre des Finances, Isselmou Ould Ahmed M’Bady,
Ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Zeynebou Mint Hmidnah,
Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire, Sid’Ahmed Ould Mohamed,
Ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille, Savia Mint N’Tahah,
Ministre de l’Environnement, Lalya Kamara.
Les Permutants
Ministre des Affaires économiques et du Développement durable, Abdessalam Ould Mohamed Saleh.
Ministre de l’Education nationale et de la Réforme du Système éducatif, Moctar Ould Dahi.
Ministre de la Santé, Naha Mint Hamdy Ould Mouknass.
Ministre du Pétrole, de l’Energie et des Mines, porte-parole du gouvernement, Nany Ould Chrougha.
Ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Moctar Alhousseyni Lam
Ministre du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme, Lemrabott Ould Bennahi.
Ministre de l’Equipement et des Transports, Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Niang Mamoudou
Les Entrants
Ministre de la Fonction publique et du Travail, Sidi Yahya Ould Cheikhna Ould Lemrabott,
Ministre de la Transformation numérique, de l’innovation et de la Modernisation de l’Administration, M. Mohamed Abdallahi Ould Louly,
Ministre de l’Agriculture, Moma Ould Beibate Hamahoullah,
Ministre de l’Elevage, Hmedeît Ould Cheine,
Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Ismaêl Ould Abdel Vettah,
Ministre Secrétaire générale du gouvernement, Aîssata Ba Yahya,
Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’extérieur chargé des Mauritaniens de l’extérieur, Mohamed Yahya Ould Saaîd.
Les sortants
Ministre conseillère à la présidence : Coumba Bâ
MAEPSP : Ousmane Mamadou Kane
Ministre de l’éducation et de la réforme du système éducatif : Brahim Vall Ould Mohamed LemineIl
Ministre de la Transformation numérique, de l’innovation et de la Modernisation de l’Administration Mokhtar Ould Mohamed El Yedaly
Ministre des pêches et de l’économie maritime, Mohamed Ould Abidine Ould Maayiv,
Ministre de l’agriculture, Yahya Ould Ahmed Waghf
Ministre de l’hydraulique et de l’assainissement : Sidi Mohamed Ould Taleb Amar
Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique: Mohamed Lemine Ould Aboye Ould Cheikh El Hadrami
Ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports et des relations avec le Parlement
Mohamed Ould Soueidate,