Maghreb : Après sa mort clinique, est-ce le coup de grâce?!
L’implosion est-elle désormais programmée pour l’UMA?! Comme le reste du monde, la région n’échappe pas au renouveau du clivage Est-Ouest.
Sous l’impulsion de l’Algérie qui en est l’instigatrice, un regroupement tripartie formé de la Tunisie, de la Libye et bien sûr de l’Algérie, se fraye un chemin pour fonder une nouvelle alliance au sein de la région du Maghreb Arabe.
La décision nourrie depuis toujours pour isoler le Maroc sur cet ensemble a définitivement éclos à l’issue des travaux du septième sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) qui s’est tenu ce samedi 2 mars 2024 à Alger. Autour et sous la houlette du président Algérien, se sont également rassemblés les présidents Tunisien, Kais Saied, et Libyen, Mohamed Younes El-Menfi. Le président Mauritanien quoique présent n’a pas participé à cette réunion dont l’objectif souligne un communiqué de la présidence Algérienne, est de discuter « des conditions qui prévalent dans la région du Maghreb » avant de préciser que « la réunion s’est conclue sur la nécessité d’intensifier et d’unifier les efforts pour faire face aux défis économiques et sécuritaires d’une manière qui bénéficiera positivement aux peuples des trois pays». Une première rencontre entre ce trio serait prévue pour l’après-ramadan qui pointe déjà.
Algérie-Maroc, la guerre froide continue
Si l’objectif du président Algérien, Abdelmejid Tebboune, semble d’isoler le Maroc en formant cette nouvelle alliance, à trois, il écarte upso facto encore la Mauritanie de ce rassemblement. L’initiative est perçue comme le coup de grâce à l’organisation agonisante de l’Union du Maghreb Arabe, mise en place en 1989 dans l’espoir de fonder un bloc régional politiquement et économiquement viable pour une population de plus de 100 millions d’habitants. Il n’en fut rien car la relation Algéro-marocaine minait l’organisation de l’intérieur. Et malgré la mise en place de structures moribondes, le conseil des Chefs d’Etats de l’organisation ne s’est plus réuni depuis 1994. Le différend au sujet du Sahara Occidental entre le Maroc et l’Algérie envenime déjà leur relation bilatérale. Par ailleurs, le succès diplomatique de l’offre marocaine de souveraineté élargie dans les zones sahariennes dans lesquelles les ambassades et consulats de nombreux pays ont élu résidences irrite de plus en plus la partie algérienne.
C’est un secret de polichinelle de dire que l’Algérie est un prolongement de l’ancien bloc de l’Est qui se reconstitue. Les vieux démons sont ressuscités à l’occasion de la guerre en Ukraine et par l’instabilité politique au Sahel. C’est un peu pour ces deux pays, la goutte qui fait déborder le vase. Le paradoxe qui en fait n’en est pas un est de voir que le nouveau rassemblement qui sonne le glas pour l’organisation commune a été boosté par l’adhésion de la Tunisie et de la Libye au projet du président Abdelmelid Tebboune.
En 2021, l’Algérie on se le rappelle avait unilatéralement suite à des actes qu’elle prétend lui être « hostiles » de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume Chérfien livrant l’organisation à de nouvelles incertitudes politiques et sécuritaires. C’est donc aujourd’hui le retour case-départ dans la relation tumultueuse entre nos deux grands voisins. Les autorités mauritaniennes, en tout cas, ont jusqu’ici réussi un véritable exercice d’équilibrisme entre les deux « frères ennemis». Cette posture salvatrice, privilégiant, depuis quelques temps déjà, la relation cordiale avec les deux pays, dans un cadre bilatéral, pour éviter justement d’être prise entre leurs feux nourris au sein de l’UMA ou de devoir prendre une position conflictuelle avec qui que ce soit. Un pragmatisme diplomatique, qui même s’il ne l’épargne pas toujours de la sollicitation, lui évite de devoir s’engouffrer au sein de cette bipolarisation.
JD