Rwanda / Palestine. Par Mokhtar Gaouad

Cette trentième année de commémoration du génocide au Rwanda nous rappelle encore combien l’animalité et la bestialité de l’être humain peuvent resurgir facilement. Nos pires instincts ne sont jamais loin. Les Tutsis ont été massacrés par leurs voisins Hutus, par ceux qui leur souriaient tous les jours. Par ceux avec qui ils ont toujours cohabité. Instrumentalisés, armés et embrigadés par des planificateurs qui savaient ce qu’ils faisaient, des êtres humains ont massacré à la machette plus de 800 000 autres êtres humains. L’indicible a été perpétré sous les yeux d’une communauté internationale indifférente. Les grands de ce monde ont fermé les yeux. Ils n’avaient pas retenu la leçon de la seconde guerre mondiale et la Shoah, encore moins des nettoyages ethniques perpétrés après-guerre en Asie, en Europe et ailleurs. Aujourd’hui, trente ans après, les puissances et la presse internationale se lamentent et disent du génocide rwandais : « Oh si seulement on avait fait ceci ! Si seulement les quelques dizaines de chars et centaines de militaires français sur place étaient intervenus ! ». « Et si… Et si ! ». Ils feignent que les morts rwandais les hantent à présent, alors qu’ils s’étaient drapés d’indifférence en 1994. Qu’a-t-on appris de la leçon rwandaise ? Au lieu de « Plus jamais ça ! », on retombe dans cette inexplicable indifférence. Tenez, je fais le parallèle avec la guerre actuelle à Gaza et le massacre de dizaines de milliers de palestiniens. Sous nos yeux. Je suis sûr que beaucoup, beaucoup de monde pensent en ce moment à la situation actuelle des Palestiniens et font ce même parallèle. Pourquoi les a-t-on abandonnés aux mains vengeresses d’Israël et de Netanyahou ? Dans dix, vingt, trente ans, on dira la même chose : « Et si on avait agi autrement! Et si on avait stoppé le massacre des enfants et des femmes gazaouis ! ». La honte nous collera toujours si on ne fait rien. Sauvons les enfants de Palestine. Sinon, la fameuse phrase de Michel Bernanos n’aura jamais été aussi vraie. « L’homme est avant tout un lâche, souvent préoccupé à trouver une justification à sa lâcheté », disait l’écrivain résistant.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button