Tunisie, présidentielles : le président Kaïs Saied en roue libre
Le président tunisien Kaïs Saied a remporté une victoire écrasante à l’élection présidentielle du dimanche 6 octobre, obtenant plus de 89% des suffrages selon un sondage de sortie des urnes relayé par la télévision nationale Wataniya. Toutefois, ce scrutin a été marqué par une faible mobilisation des électeurs, avec un taux de participation de seulement 27,7%. Ce chiffre est bien inférieur aux 45% du premier tour de l’élection présidentielle de 2019 et constitue le taux le plus bas pour un premier tour depuis la chute du régime de Ben Ali en 2011.
Un président sans véritable opposition
Kaïs Saied, 66 ans, a largement dominé ses adversaires. Son principal rival, Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans actuellement emprisonné et condamné à 14 ans de prison pour défaut de parrainage, n’a obtenu que 6,9% des voix. Un autre candidat notable, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, ancien député de la gauche panarabe, a fini en troisième position avec 3,9%. Les deux candidats, parmi les 17 postulants initiaux, ont vu plusieurs de leurs concurrents éliminés pour irrégularités présumées.
Malgré l’ouverture de plus de 5 000 bureaux de vote à travers le pays, la participation électorale est restée faible. Selon Farouk Bouasker, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), le taux de participation à la mi-journée s’élevait à seulement 14,2%, marquant un désintérêt notable des électeurs.
Un mandat controversé et une révision de la note souveraine
Élu en 2019 avec près de 73% des voix et une participation de 58%, Kaïs Saied jouissait alors d’une popularité importante. Toutefois, cette dynamique a évolué depuis qu’il s’est octroyé les pleins pouvoirs à l’été 2021, dissolvant le Parlement et promettant de rétablir l’ordre après une période d’instabilité politique. Ce coup de force a été critiqué par une partie de la population qui lui reproche de s’acharner sur ses opposants, en particulier le parti islamo-conservateur Ennahdha, qui dominait la scène politique tunisienne post-révolutionnaire.
Malgré cette controverse politique, la Tunisie a vu sa note de crédit rehaussée par l’agence internationale Fitch Ratings, passant de CCC- à CCC+. Cette décision, annoncée la veille de l’élection, est interprétée comme un signe de confiance dans la capacité du gouvernement à améliorer la situation économique du pays. Selon Fitch Ratings, cette révision positive est en grande partie due à un renforcement des réserves internationales de la Tunisie, qui permettent au pays de faire face à ses obligations extérieures. Cependant, l’agence a souligné les défis persistants, notamment un accès limité aux financements extérieurs et une dépendance continue aux emprunts intérieurs.
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